Projet éolien au Bois du Piriou : comprendre les enjeux locaux avant de décider
Le Collectif pour la Biodiversité de Saint-Malo-de-Phily (35480, Ille-et-Vilaine) rassemble habitants, naturalistes et usagers de la forêt pour analyser le projet éolien envisagé en cœur de massif et en présenter les enjeux écologiques, paysagers et juridiques.
À retenir : points clés pour Saint-Malo-de-Phily (35480)
Pourquoi le Bois du Piriou est jugé incompatible avec l’éolien industriel
Le projet éolien envisagé se situe dans un secteur qui cumule des contraintes fortes. Les documents de planification régionale en Bretagne et les recommandations d’experts (LPO, CNPN, ONF, SRADDET Bretagne) considèrent ce type de contexte – massif forestier enclavé, en Ille-et-Vilaine – comme particulièrement défavorable à l’implantation d’éoliennes.
- Massif forestier enclavé : les éoliennes seraient au cœur d’un ensemble boisé continu, et non en bordure de plaine ouverte.
- Zone classée “implantation proscrite” pour l’éolien : en raison des enjeux chiroptérologiques et de la présence d’importants corridors de déplacement.
- Fonction de corridor écologique majeur : le Bois du Piriou relie la vallée de la Vilaine, le Semnon et plusieurs massifs voisins du sud de l’Ille-et-Vilaine.
- Concentration d’espèces protégées : chiroptères, rapaces, oiseaux forestiers et espèces patrimoniales liées aux anciennes carrières.
- Dynamique écologique positive rare : les suivis montrent une augmentation de la diversité des chauves-souris, à contre-courant de la tendance nationale.
- Impacts peu compensables : fragmentation du massif, modification des sols et de l’hydrologie, dérangement sonore et lumineux récurrents.
Un cœur de massif forestier, pas une zone industrielle
Des clairières enclavées, utilisées par la faune
Les emplacements pressentis pour les éoliennes correspondent à des clairières agricoles presque entièrement entourées de boisements. Ce sont des zones de chasse, de repos et de circulation pour la faune, reliées directement au massif forestier qui les entoure.
Un corridor de vol pour chauves-souris et oiseaux
Le secteur s’inscrit dans un axe de déplacement est–ouest, emprunté par de nombreuses chauves-souris forestières et par des oiseaux migrateurs. Des structures de grande hauteur dans ce couloir augmenteraient le risque de collision et pourraient provoquer un évitement du massif par certaines espèces.
Des travaux lourds pour accéder au site
- Création ou élargissement de pistes forestières (6 à 10 m de large) pour l’accès des convois.
- Plateformes de montage d’environ 1 hectare chacune, avec débroussaillage et terrassement.
- Modification durable des lisières, des microclimats et des sols forestiers.
Risques cumulés pour le massif
Les surfaces débroussaillées, les sols compactés, l’augmentation de la circulation et les éclairages techniques (sécurité, balisage aérien) créent un environnement plus bruyant et lumineux, peu compatible avec le maintien d’un cœur de massif forestier préservé.
Espèces protégées et enjeux de conservation
Chiroptères (chauves-souris)
Le Bois du Piriou joue un rôle de refuge pour de nombreuses espèces de chauves-souris. Plusieurs d’entre elles sont inscrites à la directive Habitats et font l’objet d’une responsabilité régionale importante en Bretagne, en particulier en Ille-et-Vilaine.
- Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) – espèce strictement protégée, utilisant les anciennes carrières et les bocages environnants.
- Grand Murin (Myotis myotis) – espèce strictement protégée, dont des colonies de mise-bas sont recensées à l’échelle régionale.
- Oreillard roux & Oreillard gris (Plecotus auritus / austriacus) – espèces fortement dépendantes des forêts sombres et peu fragmentées.
Rapaces et grands oiseaux protégés
Le secteur d’étude est utilisé comme territoire de chasse ou de nidification par plusieurs grands rapaces, tous protégés par la loi française.
- Faucon pèlerin (Falco peregrinus) – espèce protégée, toujours sensible au dérangement et à la perte de sites de chasse calmes.
- Autour des palombes (Accipiter gentilis) – grand rapace forestier rare, nécessitant de vastes zones boisées tranquilles.
- Busard Saint-Martin (Circus cyaneus) – nicheur vulnérable, très sensible aux perturbations humaines.
-
Élanion blanc (Elanus caeruleus) – espèce protégée, encore rare et localisée dans l’Ouest ; sa présence est rapportée par plusieurs observations locales à Saint-Malo-de-Phily.
Observation d’Élanion blanc dans le secteur de Saint-Malo-de-Phily (35). - Hibou Grand-Duc (Bubo bubo) – plus grand rapace nocturne d’Europe, vulnérable aux collisions et sensible au dérangement.
Carte du massif et position du projet dans le 35
La configuration du Bois du Piriou montre que le projet viserait des clairières internes, entourées à plus de 80 % par des boisements. Ce choix d’implantation diffère des projets situés en plaine ouverte ou sur des secteurs déjà fortement artificialisés du département 35.
Raccordement électrique : un impact souvent sous-estimé
Au-delà des seules éoliennes, le raccordement au réseau public représente un enjeu majeur en milieu forestier. Les études de terrain montrent que ces linéaires peuvent être à l’origine d’une part importante des impacts écologiques.
Câbles enterrés entre éoliennes
- Tranchées linéaires impliquant décapage du sol, coupe de racines et modification des horizons.
- Risque de perturbation de l’hydrologie locale, en particulier dans les secteurs humides ou hydromorphes.
Liaison avec le réseau public
- Soit une tranchée souterraine sur 1,5 à 2 km, à travers forêt ou lisière.
- Soit une ligne aérienne nécessitant un couloir débroussaillé de 5 à 10 m de large, à entretenir dans la durée.
Un risque d’engrenage écologique et paysager
Une fois un cœur de massif entamé par une première infrastructure, il devient plus difficile de refuser d’autres projets. Les effets ne se limitent pas aux seules éoliennes initiales.
- Possibilité d’extensions ultérieures (renforcement de réseau, nouvelles pistes, nouveaux ouvrages).
- Affaiblissement progressif des espèces les plus sensibles, avec risque de disparition locale.
- Perte de la qualité paysagère et de la quiétude du site, notamment pour les usages de promenade et d’observation.
- Transformation progressive d’un massif encore préservé en espace plus banal et plus vulnérable à l’urbanisation ou à d’autres industries.
Le projet éolien et la mobilisation locale
Le projet de parc éolien en cours de réflexion concerne plusieurs machines de grande hauteur, à installer dans ou en lisière du Bois du Piriou. Les informations disponibles sont encore partielles, mais elles ont déjà suscité des interrogations importantes parmi les habitants de Saint-Malo-de-Phily (35480) et des communes voisines du département 35.
Éléments chronologiques
- 2023–2024 : premières démarches liées au projet, prospections et contacts sur le secteur.
- 2024 : alertes de naturalistes et d’habitants sur la sensibilité écologique du site.
- 2025 : création du Collectif pour la Biodiversité de Saint-Malo-de-Phily afin de porter une analyse argumentée et documentée.
Comment agir avec le Collectif (habitants de 35480 et alentours)
Le Collectif est ouvert à toutes les personnes qui souhaitent s’informer et contribuer à une réflexion équilibrée sur le projet, qu’elles résident à Saint-Malo-de-Phily (35480), dans le reste de l’Ille-et-Vilaine (35) ou plus largement en Bretagne.
- Participer aux réunions d’information organisées localement (Saint-Malo-de-Phily et communes voisines).
- Relayer les éléments factuels auprès de vos proches et de vos élus (commune, communauté de communes, département, région).
- Contribuer à la collecte d’observations naturalistes (oiseaux, chauves-souris, amphibiens, etc.).
- Prendre part aux démarches à venir : avis lors des consultations, courriers argumentés, pétition citoyenne.
FAQ – Questions fréquentes
Le Collectif est-il opposé à toute forme d’éolien en Bretagne ?
Non. La réflexion porte spécifiquement sur la pertinence d’implanter des éoliennes dans un cœur de massif forestier comme le Bois du Piriou, à Saint-Malo-de-Phily (35480). Le Collectif défend l’idée que les projets devraient prioritairement viser des secteurs déjà ouverts ou artificialisés.
Un bridage renforcé ne suffit-il pas à limiter les impacts ?
Les dispositifs de bridage et d’arrêt temporaire peuvent réduire une partie des collisions, mais leur efficacité dépend des conditions locales et de la façon dont ils sont réellement appliqués et contrôlés. Dans un site aussi fréquenté par les chauves-souris, le risque résiduel demeure élevé.
Existe-t-il des alternatives pour développer les énergies renouvelables dans le 35 ?
Plusieurs pistes sont régulièrement citées : toitures, zones d’activités, friches industrielles, plaines agricoles ouvertes ou projets solaires adaptés. L’enjeu est de concilier transition énergétique et préservation des derniers noyaux de biodiversité encore fonctionnels en Ille-et-Vilaine et en Bretagne.
Sources & références utilisées
Le Collectif s’appuie sur des études scientifiques, des retours d’expérience d’autres parcs éoliens et les avis d’instances spécialisées. Quelques références (liste non exhaustive) :
- Études scientifiques sur les impacts de l’éolien sur les chiroptères et l’avifaune.
- Avis et recommandations d’instances nationales (CNPN, LPO, ONF, etc.).
- Documents de planification régionale en Bretagne (SRADDET, trames vertes et bleues).
Contact du Collectif
Pour recevoir des informations, proposer une contribution ou signaler une observation naturaliste dans le secteur de Saint-Malo-de-Phily (35480, Ille-et-Vilaine) :
Email : contact@eoliensaintmalodephily.com